- CHIMÈRE
- CHIMÈRECHIMÈREDans la mythologie grecque, monstre femelle qui crachait des flammes; elle avait la tête d’un lion, le corps d’une chèvre et la queue d’un dragon. Elle dévastait la Carie et la Lycie jusqu’au jour où Bellérophon la tua. Les œuvres d’art représentent généralement la Chimère comme un lion ayant une tête de chèvre au milieu du dos. Aujourd’hui, on utilise fréquemment ce terme pour désigner une idée extravagante ou une création de l’imagination.On nomme souvent chimères les animaux grotesques, fantastiques ou imaginaires utilisés en décoration.
chimère [ ʃimɛr ] n. f.• XIIIe; lat. chimæra, gr. khimaira « la Chimère », monstre mythologique1 ♦ Monstre à tête et poitrail de lion, ventre de chèvre, queue de dragon, crachant des flammes. Bellérophon tua la Chimère.♢ Fig. et vx Assemblage monstrueux.2 ♦ (v. 1560) Vaine imagination. ⇒ fantasme, illusion, mirage, rêve, songe, utopie, vision. Se forger, se créer des chimères. Caresser une chimère. De vaines, de folles chimères. Quittez ces chimères. « Ô chimères ! dernières ressources des malheureux ! » (Rousseau).3 ♦ (1808) Poisson marin cartilagineux (holocéphales) aux dents broyeuses, et qui a un aiguillon parfois venimeux.4 ♦ Biol. Organisme créé artificiellement par greffe ou fécondation, à partir de deux cellules, embryons ou organes de génotypes différents (⇒aussi hybride). Chimère de caille et de poulet. Appos. Des souris-chimères.⊗ CONTR. 2. Fait, raison, réalité, réel.
● chimère nom féminin (latin chimaera, monstre à tête de chèvre, du grec khimaira) Animal fabuleux ayant la tête et le poitrail d'un lion, le ventre d'une chèvre et la queue d'un serpent. Être ou objet bizarre composé de parties disparates, formant un ensemble sans unité. Projet séduisant, mais irréalisable ; idée vaine qui n'est que le produit de l'imagination ; illusion : Poursuivre des chimères. Organisme constitué de deux ou, plus rarement, de plusieurs variétés de cellules ayant des origines génétiques différentes. Poisson cartilagineux à caudale effilée, à vastes pectorales, à fentes branchiales couvertes d'un opercule atypique, aux dents soudées en plaques, se nourrissant de mollusques et d'oursins et dont le mâle possède un appendice frontal. (On pêche la chimère pour son huile de foie ; ce genre de poissons est la seule forme actuelle de l'ordre des holocéphales.) ● chimère (citations) nom féminin (latin chimaera, monstre à tête de chèvre, du grec khimaira) François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Moi, l'homme de toutes les chimères, j'ai la haine de la déraison, l'abomination du nébuleux et le dédain des jongleries ; on n'est pas parfait. Mémoires d'outre-tombe Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 On ne fait rien de sérieux si on se soumet aux chimères, mais que faire de grand sans elles ? Propos recueillis par André Malraux dans Les Chênes qu'on abat Gallimard Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Nos chimères sont ce qui nous ressemble le mieux. Les Misérables Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 On jugerait bien plus sûrement un homme d'après ce qu'il rêve que d'après ce qu'il pense. Les Misérables Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Ah ! chimères ! ce sont des chimères, dit-on ? Chimères, moi ? Vraiment, chimères est fort bon ! Je me réjouis fort de chimères, mes frères, Et je ne savais pas que j'eusse des chimères ! Les Femmes savantes, II, 3, Bélise Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ! Juge de toutes choses, imbécile ver de terre ; dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur ; gloire et rebut de l'univers. Pensées, 434 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Ernest Renan Tréguier 1823-Paris 1892 Rien de grand ne se fait sans chimères. L'Avenir de la science Lévy ● chimère (synonymes) nom féminin (latin chimaera, monstre à tête de chèvre, du grec khimaira) Projet séduisant, mais irréalisable ; idée vaine qui n'est que le...Synonymes :- fantasme- fantôme- illusion- mirage- rêve- rêverie- songe- utopiechimèren. f.d1./d MYTH Monstre fabuleux à tête de lion, corps de chèvre et queue de dragon qui vomit des flammes.d2./d Imagination vaine, illusion.d3./d ZOOL Poisson holocéphale des grandes profondeurs marines, à grosse tête et à corps effilé.d4./d BOT Produit d'une greffe possédant les caractères du greffon et ceux du porte-greffe.|| GENET Individu porteur de caractères génétiques issus de deux génotypes différents.⇒CHIMÈRE, subst. fém.I.— MYTH. Monstre fabuleux composite, de formes diverses, ayant généralement la tête d'un lion, le corps d'une chèvre, la queue d'un dragon et crachant du feu :• 1. Sautant, volant, crachant du feu par les narines, et de sa queue de dragon se frappant les ailes, la chimère aux yeux verts tournoie, aboie; ...FLAUBERT, La Tentation de St Antoine, 1849, p. 393.II.— Lang. commune, p. ext.A.— [Désigne un être concr.]1. Animal fantastique peint ou sculpté, notamment à usage de gargouille (cf. ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, p. 227). [La] chimère vernissée du toit (MALRAUX, La Condition humaine, 1933, p. 253).— P. métaph.a) Chose monstrueuse qui inspire l'épouvante. L'épouvantable chimère à mille têtes [un brasier] (HUGO, Le Rhin, 1842, p. 150).b) Animal fantastique qui permet l'évasion dans des rêveries sans consistance. Galoper mille chimères (cf. E. DE GUÉRIN, Lettres, 1839, p. 331); chevaucher la chimère (cf. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 427) :• 2. ... elle songe. (...) Dans quelle contrée du pays bleu, à la porte de quel paradis perdu, son désir bat-il de l'aile? Sur la croupe de quelle chimère, prend-elle son envolée dans le rêve?J. PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 2.2. HÉRALD. Animal fantastique ayant un buste de femme (cf. ZOLA, Le Rêve, 1888, p. 61).3. P. anal. [En parlant d'une chose ou d'une pers.] Être ou objet composé de parties disparates. Il [Pascal] fait de l'homme tout d'abord un monstre, une chimère, quelque chose d'incompréhensible (SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 5, 1851-62, p. 527) :• 3. ... tout est fondu, combiné, amalgamé dans Notre-Dame. Cette église centrale et génératrice est parmi les vieilles églises de Paris une sorte de chimère; elle a la tête de l'une, les membres de celle-là, la croupe de l'autre; quelque chose de toutes. Nous le répétons, ces constructions hybrides ne sont pas les moins intéressantes...HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 132.— ICHTYOL. Gros poisson de forme peu commune, vivant essentiellement dans les mers froides (cf. CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 3, 1805, p. 181).B.— Emplois fig. [Désigne une entité abstr.]1. Gén. au sing.a) Vieilli. Illusion. L'esprit de chimère et d'illusion (A. FRANCE, Le Jardin d'Épicure, 1895, p. 63).— La chimère de qqc. L'illusion de quelque chose. La chimère de l'immortalité fut produite par l'ignorance des choses (SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 24).b) Usuel. Projet ou idée sans consistance. Poursuivre une chimère. L'amour dans le mariage est une chimère (BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 240). C'est une chimère de vouloir faire table rase du passé (BARRÈS, Mes cahiers, t. 1, 1897-98, p. 247). Cette société-là [parfaite] n'est pas une donnée empirique définie et observable, c'est une chimère, c'est un rêve dont les hommes ont bercé leurs misères, mais qu'ils n'ont jamais vécu dans la réalité (DURKHEIM, Les Formes élémentaires de la vie religieuse, Le Système totémique en Australie, 1912, p. 600).2. Plus fréq. au plur. Rêverie quelque peu folle. Le pays des chimères; pures, (vaines) chimères. J'ai passé l'âge des chimères (CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 1, préf. de 3e éd., p. 116). Je me fais des chimères, et je m'en prends aux autres de mes propres folies intérieures (CONSTANT, Journaux intimes, 1812, p. 380) :• 4. ... les insensés ou les maniaques qui se repaissent de leurs chimères, sans s'apercevoir des réalités qui sont sous leurs yeux.MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p. 132.Rem. On rencontre ds la docum. a) Chimérisme, subst. masc. Fait de croire en des chimères. Le chimérisme féminin (MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1376). La liberté n'étant jamais qu'un vœu, (...) une illusion de notre incorrigible chimérisme (JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 200). b) Chimériste, adj. Chimérique. [Les] chiméristes rêveurs de république (J. MORIENVAL, Les Créateurs de la grande presse en France, 1934, p. 35).Prononc. et Orth. :[
]. Pour la prononc. de ch par [
] cf. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 272 : ,,On prononce [
] dans un certain nombre de mots savants provenant du grec : chimère (-ique), chimie (-ique, -iste), chimiatrie (-ique), chimico-légal, chimico-physique, chimiotaxie et composés de chimio-, chimitypie, chimoine, chimonanthe, chirurgical, chirurgie (-ique), chirurgien, chyle (et dérivés ou composés), chyme (et composés).`` Cf. encore MART. Comment prononce 1913 qui souligne qu'il s'agit de mots sav. d'usage anc. et qui ajoute à la liste chiromancie pour lequel il indique qu'on prononce très souvent [
]. Cf. aussi ROUSS.-LACL. 1927, p. 159 et NYROP Phonét. 1951, p. 191. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 adj. chimere « insensé » (G. DE COINCY, Mir. Vierge, éd. F. Kœnig, II Mir. 20, 120 et II Mir. 23, 298), attest. isolées; 2. ca 1230 subst. fém. cimere « monstre fabuleux » (Eustache le Moine, 30 ds T.-L); 3. 1538 « création imaginaire de l'esprit » (Le Courtisan de Messire Baltazar de Castillon nouvellement reveu et corrige, [trad. Jean Colin], François Juste, Lyon, 1538, livre II, 102 v° ds QUEM.); 4. 1800 ichtyol. (BOISTE). Empr. au lat. class. chimaera, nom d'un monstre fabuleux tué par Bellérophon servant à désigner quelque chose qui n'existe pas ou ne peut exister; 4 en raison de l'aspect étrange de ce poisson. Fréq. abs. littér. :1234. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 362, b) 1 778; XXe s. : a) 1 689, b) 1 263. Bbg. T. (J.). Enfourcher une chimère. Vie Lang. 1962, p. 642.chimère [ʃimɛʀ] n. f.ÉTYM. XIIIe; du lat. chimæra, grec khimaira « la Chimère », monstre mythologique.❖1 Myth. Monstre fabuleux qui a la tête et le poitrail d'un lion, le ventre d'une chèvre, la queue d'un dragon, et qui crache des flammes. || Sur l'ordre de Iobatès, Bellérophon tua la Chimère. — Fig. Assemblage monstrueux (vx).1 Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige !Pascal, Pensées, VII, 434.2 Rabelais surtout est incompréhensible : son livre est une énigme, quoi qu'on veuille dire, inexplicable; c'est une chimère; c'est le visage d'une belle femme avec des pieds et une queue de serpent, ou de quelque autre bête plus difforme; c'est un monstrueux assemblage d'une morale fine et ingénieuse, et d'une sale corruption.La Bruyère, les Caractères, I, 43.2 (1538). Littér. (ou langue écrite). Vaine imagination; projet irréalisable. ⇒ Fantasme, fantôme, folie, idée, illusion, imagination, mirage, rêve, songe, utopie, vision; chimérique. || Se repaître de chimères. || Caresser une chimère, sa chimère. || Se forger, se créer des chimères. || Bayer aux chimères. ⇒ Rêver. || Le pays des chimères : l'Eldorado. || De vaines, de folles, de vagues chimères. || Quittez ces chimères. — Fam. || C'est là sa chimère, son rêve, son idée fixe. — Les Chimères, sonnets de G. de Nerval.3 Quelles chimères ne tombent point dans l'esprit des hommes pendant qu'ils dorment !La Bruyère, les Caractères, VIII, 68.4 Mes douces chimères me tenaient compagnie, et jamais la chaleur de mon imagination n'en enfanta de plus magnifiques.Rousseau, les Confessions, IV.5 (…) l'imagination ne pare plus rien de ce qu'on possède; l'illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité; et tel est le néant des choses humaines, que hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas.Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, VIII.6 Ô chimères ! dernières ressources des malheureux !Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, II, XXIV.7 (Napoléon) mêlait les idées positives et les sentiments romanesques, les systèmes et les chimères, les études sérieuses et les emportements de l'imagination, la sagesse et la folie.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, III, I.8 (…) je caressais une folle chimère.A. de Musset, Poésies nouvelles, « Une soirée perdue ».9 (…) la chimère capricieuse et farouche, toujours prête à déployer ses ailes inquiètes (…)Th. Gautier, la Toison d'or, II.10 Le sac de la Ville Éternelle (…) effraya l'Europe comme un présage (1527). Peut-être la chrétienté, lointain souvenir de l'unité romaine, était-elle déjà une illusion. Elle ne fut plus qu'une chimère.J. Bainville, Hist. de France, VIII, p. 145.11 Admettre dès le principe que la raison n'expliquera pas tout, c'est renoncer d'avance et c'est donner prise à la chimère (…)G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, III.3 (1808; par anal. avec le monstre de la mythologie). Poisson chondroptérygien holocéphale (ou chimériforme) au corps allongé et nu avec livrée d'argent. || La chimère est aussi appelée rat de mer.➪ tableau Noms de poissons.4 (XXe). Biol. Organisme (animal, plante créée artificiellement par greffe) composé de tissus de type génétiquement différents (appartenant à des génotypes différents). || Des chimères. ⇒ Chiméral. || « Les chimères sont des animaux dont le corps est formé d'un mélange de cellules de constitution génétique différente, provenant de deux embryons ou plus, différents » (la Recherche, 1975; no 94, p. 978). — Des souris-chimères.❖CONTR. Fait, raison, réalité, réel.DÉR. Chiméral, chimérique.
Encyclopédie Universelle. 2012.